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Et je tourne dans l'univers, comme la neige sous le vent.
18 mai 2011

 " Moi je veux finir ma vie au fond d'un corridor, que se ferment à jamais ces yeux couleur or. "

P1080235

 Et puis me voilà, entre quatre murs blancs, pures, pâles. Les rideaux à la fenêtre volettent légèrement, on dirait la mousseline d'une danseuse qui s'envole au rythme du temps. Et puis je suis là, dans ce décor si parfait, je suis là, attachée à ce lit. Ma peau meurtrie crie à l'injustice " Je ne suis pas folle vous savez, je ne suis pas folle.. ". Mais ici, personne n'est fou non, nous sommes différents, nous sommes les rebbus de cette société dévastatrice. " Je ne suis pas folle vous savez, non je ne le suis pas ! ". 

 Me voilà, coincée, bloquée, censurée dans un monde de prozac et de voix trop douces pour être vraies. Pourquoi suis-je ici, je ne me rappelle plus, pourquoi m'a t-on envoyé dans ce monde si vide. Ici, tout est propre, beau, neuf, la peinture encore fraîche, et pourtant... Pourtant je vois du sombre, du gris, du terne, du noir. " Je ne suis pas folle vous savez, vous le savez ! ". Mon cris s'effaçe tandis que l'aiguille rencontre ma chair. Je m'endors d'un profond sommeil, les sangles à mes poignets deviennent des rubans, mon cou n'hurle plus de ses strangulations, mon âme se répose.. Ecoutez là dormir.

 Cette nuit là les murs se couvrirent de sang, mes mains se noircirent de charbon, je sentais l'odeur de la mort et pourtant j'étais tranquille. Le carrelage si parfaitement ajusté de la salle de bain ne m'insupportait plus de sa perfection, le reflet dans le miroir m'importait si peu, et même ce corps que je détestais tant, une fois un peu, je l'aimais. Je regardais autour de moi, j'essayais de retrouver ce regard qu'ont les enfants en découvrant une fête foraine. Je voyais des serviettes de couleurs sécher au mur, je voyais la lumière se refleter dans une baignoire trop propre à mon goût. Tout était de ton pastel, c'était charmant, acceuillant, mais cette nuit là, mes murs étaient couverts de sang. Je ne sais pas trop comment expliquer ce geste si impulsif, je ne sais pas trop comment vous dire que sous la Lune d'argent, la lame en main, je me sentais bien. Et puis la chair qui se fend, et doucement la vie qui s'écoule le long du bras. Et doucement plus profondément, j'allais jusqu'aux entrailles. Je voyais tout, une ouverture sur le monde, je dis bonjour à mon os, je dis bonjour à mon sang. Ma veine me parlait, me soufflait quelque chose, mais j'étais déjà bien loin, allongée sur le sol. Je voulais me concentrer sur ce que me raconter l'aorte, ile me semble avoir entendu un secret mais ma mémoire était déjà morte. Les lumières autour de moi dansaient, c'était si magnifique, je ne comprenais plus ma réalité et c'est ça qui était magique. J'écrivais un nouveau monde, une nouvelle page se tournait. Je rêvais en tricolore, du blanc du rouge et du noir. Et vint une lumière qui me défiat, une sorte de bleu indigo. Accompagné d'un bruit de fanfarre, je sentis mon corps en l'air. Mon aorte ne parlait plus, et mon os retournait se cacher sous ma peau. Des fils, des aiguilles, du tissus, je me sentais comme un lambeau... Et la Madone qui pleurait, pathétiquement couchée sur la sivière, et moi qui délirait tranquillement installé dans les bras de Morphée. J'étais quand même triste de les voir assister, à mon spectacle qui était unique, c'est à moi qu'il appartenait. Ils me le volaient tous ces gens qui désiraient me sauver. Mais vous savez, aujourd'hui encore je crois dur comme fer, que s'ils cherchaient à me sauver, c'est qu'ils ne voulaient pass être seuls à vivre en enfer. Et le matin à mon réveille, je reçus trop de leçons, tous en coeur à l'unisson, on me grondait d'être courageuse. Petite enfant que je suis, je n'avais fait que jouer, certe avec ma vie, mais jamais on ne m'avait dit " Fais attention, la vie est un danger ! ".

 " Je ne suis pas folle vous savez, j'ai juste voulu me tuer... "

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